Les camps de concentration
Entrée du camp de Buchenwald -"A
chacun son dû"
Un camp de concentration
est une installation de détention de grès grande taille, dont le but est de regrouper et d’enfermer des personnes
qualifiées d’ « ennemis » au gouvernement d’un état,
c'est-à-dire par exemple, des opposants politiques, des natifs d’un pays
ennemi, des groupes de personnes appartenant à une ethnie ou religion spécifique,
ou encore des civils d’une zone de combat. Généralement, cette simple décision
d’enfermement est prise par la police ou l’armée du pays. L’apparition du terme
« camp de concentration » date de la fin du XIXe siècle.
Bien souvent, la plupart
de ces camps de concentrations correspondent à des camps de travaux forcés. Ils sont utilisés fréquemment lors d’une
guerre. Ces personnes sont détenues à cause de critères généraux comme leur
appartenance à une religion ou encore pour leur origine. Les détenus ne passent
pas devant un tribunal et ils sont jugés en masse, c'est-à-dire qu’ils ne sont
pas jugés individuellement.
Les conditions de vie et
de travail sont très difficiles ce qui explique le taux important de mortalité
dans ces lieux mais aussi en raison d’une mauvaise alimentation.
I)
Historique des camps
1°) Les premiers camps
La première apparition
du terme « camp de concentration » est due aux Britanniques d’Afrique du Sud suite à la guerre qu’ils ont
mené contre les Boers entre 1900 et 1902. Les Boers sont des colons d'origine néerlandaise,
allemande
et française,
arrivés en Afrique du Sud aux XVIIe et XVIIIe siècles, occupant des états
sud-africains. Cette guerre eu lieu à cause de l’annexion du Griqualand le 27 octobre 1871, où on y découvrit
des diamants. Grâce à une habilité politique, c’est la Grande Bretagne qui
héritera de cette dernière. Mais la situation se dégrade vite entre les deux
colonies, et les Britanniques décident d’annexer également le Transvaal.
Mais l’idée même d’un
camp où on peut réunir un grand nombre de personne fut appliquée un peu plus
tôt par les Espagnols pendant la guerre d’Indépendance à Cuba qui dura de 1895
à 1898. Elle opposa l'armée libératrice cubaine
aux forces du Royaume d'Espagne d'Alphonse XIII d'Espagne. Pour
« concentrer » les populations civiles, le général Valeriano Weyler y Nicolau
a l'idée en 1897
de créer des places contrôlées par l’armée pour y mettre les personnes et afin
d’anéantir tout soutien à la rébellion. Mais c’est qu’après la défaite
espagnole qu’est repris le terme « reconcentración » et son
principe par les Britanniques contre les Boers.
De ce fait, le général
anglais Kitchener voulant se « débarrasser » de la résistance des
Boers, utilisa le fil de fer barbelé pour créer des camps. En mai 1902, les
derniers Boers se rendirent et grâce au Traité de Vereeniging, la guerre prit fin
véritablement.
Ce sont dans les années 1930,
que les camps de concentration se sont vus multipliés sous l’U.R.S.S de
Staline, successeur de Lénine et dirigeant soviétique qui sera considéré comme
dictateur. Il fit régner un régime de terreur par la mise à mort ou par l’envoi
aux camps de travaux forcés du Goulag de millions de personnes. Les
arrestations touchèrent diverses catégories sociales ou nationales dont les
membres furent accusés de délits contre-révolutionnaires : anciens
bourgeois, paysans riches ou koulaks (au début des années 1930), membres des
organisations communistes, citoyens des pays rattachés à l'U.R.S.S. en 1940
(Polonais, Baltes, Ukrainiens de l'Ouest).
Ils étaient envoyés plus
précisément dans des camps de travaux forcés, qui est une forme de camp de
concentration visant à pratiquer le travail forcé voire de l’esclavage en
masse, jusqu’en 1953. Nous savons
qu’environ dix à dix-huit millions de prisonniers sont passés par le Goulag. Le
nombre de morts dans les camps du Goulag allant de 1934 à 1947 est de 963 866 prisonniers morts.
Les camps correctionnels de
travail du Goulag se trouvaient en Sibérie surtout dans la région du Kolyma. Au
total, nous estimons approximativement que 10 à 18 millions de personnes
passèrent par les camps du Goulag[] et
plusieurs autres millions furent exilées ou déportées dans d'autres régions de
l'Union soviétique][].
Contrairement aux camps nazis ou
autres, les détenus, appelés les « zeks », ont connu des conditions
de vie plus faciles. Mais il ne faut pas oublier, qu’ils s’agissaient de camps
pour but de redresser les « ennemis » du peuple par le travail. Donc le travail y était très pénible, les
prisonniers travaillaient parfois pendant seize heures.
Les décès dans les camps
augmentaient avec la famine, le froid, les épidémies comme le typhus et par les
vagues d’exécutions. L’inhumanité était présente, plusieurs témoignages
d’ex-prisonniers racontèrent que les gardiens enfonçaient des pics dans chaque
crâne des prisonniers morts sortant des camps.
Il y eut également des camps en
France, appelés plus précisément des camps d’internement qui sont des centres
de rétention administrative ou des camps de réfugiés ou de prisonniers de
guerre. Ils ont été crées sur une période commençant de la Première Guerre
mondiale jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
En 1914-1918, on parlait de
« camps de concentration » mais ils n’avaient aucun rapport avec ceux
de la période de la Seconde Guerre mondiale car ils n’étaient pas cachés au
monde, ils n’avaient pas pour projet d’exterminer et ils duraient le temps d’un
conflit uniquement.
C’est ainsi qu’avant 1939, il
existait déjà au moins huit camps. Deux types de camps furent crées pendant la
Première Guerre mondiale : les premiers étaient pour les prisonniers
civils allemands, autrichiens et ottomans, détenus à Pontmain en Mayenne et les
deuxièmes pour les réfugiés républicains de la Guerre civile espagnole détenus
par exemple, le camp de Gurs, crée en 1939. Il se situe dans le sud de la
France (Pyrénées-Atlantiques). Il a été construit pour interner les combattants de l'armée républicaine
espagnole vaincue par le franquisme pendant le printemps et l’été 1939. Par la
suite, il sera utilisé comme centre d'internement pour les indésirables du
régime de Vichy, en été 1940 et deviendra quelques mois plus tard l’une des bases
de déportation des Juifs en France.
Ce camp a été dirigé par la
police de Vichy sous les ordres du général Pétain. Il s’agissait d’un camp de
transit pour les juifs.
Entre
août 1942 et février 1943, six convois partiront de Gurs, transportant 3907
juifs qui sont conduits dans le camp de Drancy pour être ensuite déportés à
Auschwitz où ils périront.
Carte établie d'après Anne Grynberg, Les camps de la
honte, Les internés juifs des camps français 1939-1944
Mais dès 1939, les camps
existants seront mis au service de l’Allemagne pour enfermer les opposants au
régime nazi. Les camps étaient dirigés soit par le Gouvernement français comme
pour le camp de Châteaubriant, soit par le régime nazi comme pour le camp de Struthof
en zone annexée, ou par la mise en tutelle des deux pays comme pour les camps
de Pithiviers ou de Beaune-la-Rolande.
De 1939 à 1946, la France a
interné six cents milles personnes dans un très grand nombre de camps dont certains
ne sont pas connus ou très peu. De 1940 à 1944, les camps se multiplièrent sur
tout le territoire français (occupé, libre ou annexé) pour les Juifs.
Une catégorie de camps apparus,
les camps de transit où on détenait des Juifs afin de les déporter par la suite en Allemagne dans des camps
d’extermination comme celui d’Auschwitz principalement. Ce fut le cas pour les camps de Drancy, de Pithiviers et de
Compiègne.
En effet, le 21 août 1941, le
camp d’internement de prisonniers de guerre de Drancy laisse place au camp de
transit pour Juifs en 1942. Pendant trois ans, il a été le principal lieu de
déportation vers les camps d’extermination nazis. Son surnom est devenu
tristement célèbre, celui d’ « antichambre de la mort ». Le 18
août 1944 marque la fin du camp par la libération des derniers Juifs à savoir
mille quatre cent soixante sept personnes grâce à l'arrivée du consul de Suède Raoul
Nordling et de membres de la Croix-Rouge.
Au total ce fut près de soixante
sept mille Juifs déportés via Drancy sur soixante seize mille Juifs déportés en
France. A peine trois pourcents des personnes sont revenus des camps
d’extermination. C’est une page noire de l’Histoire de France, qui a longtemps
été tabous.
Les camps d’internement du Nord
de la France, à partir de 1940
Sous le régime de Vichy, dirigé par le Maréchal Pétain, d’autres camps ont été créés en zone non occupée et en Afrique du Nord (Maroc, Algérie et Tunisie) entre 1941 et 1944, pour détenir des Juifs, des patriotes français récalcitrants .Ce fut le cas pour les camps de Djelfa en Algérie, de Le Kef en Tunisie et de Bou Arfa au Maroc.
Carte des camps en France selon le type de zone.
Carte des
camps d’internement français en Afrique du Nord.
Un seul camp de concentration
existait réellement en France, celui dit «le Struthof » situé en
Alsace alors annexée par l’Allemagne nazie. Le camp s’appelait
« KL-Natzweiler ». Ce camp est de catégorie trois, c'est-à-dire des
conditions de vie très sévères et un taux de mortalité élevée (40%). En effet
de 1941 à 1945, il est l’un des plus meurtriers où vingt-deux mille déportés y
sont morts. Le site était composé d’un camp central et de camps annexes avec un
bloc crématoire et une chambre à gaz.
II] Les camps de
concentration nazis
Tout d’abord, la permission
d’arrêter des personnes et de les enfermer sans aucune raison et la création de
camps de concentration ont été possible grâce à un décret en février 1933, qui
supprime la protection constitutionnelle contre les arrestations arbitraires,
ce qui a permis à la police d’arrêter et enfermer n’importe quel citoyen dans
un camp pour une durée illimitée et en avril 1933 un autre décret légalise la
présence de camps de concentration en Allemagne.
Ces camps de concentration ont
été crées dès 1933, sous le Troisième Reich, correspondant à l’arrivée au
pouvoir d’Hitler. Ils ont été crées pour interner et éliminer dans un premier
temps tous les opposants politiques : communistes, socialistes, démocrates
sociaux, mais aussi des ethnies comme les Tsiganes, également les Témoins de Jéhovah, et enfin les homosexuels
allemands et toutes les personnes accusées d'avoir un comportement
"asocial" ou socialement déviant comme les criminels ou les
vagabonds. Puis dans un deuxième temps, le régime nazi décida d’y en
emprisonner tout le peuple juif afin de les tuer par épuisement physique mais
avant tout moral.
1°) Premiers camps de concentration allemands
Les premiers camps de
concentration en Allemagne furent construits dès février 1933, un mois après
l’arrivée au pouvoir d’Hitler, par la SA (Section d’Assaut) et par la police
pour pouvoir enfermer le très grand nombre d’opposants politiques arrêtés. Les
premiers camps furent le camp à Oranienburg, à Esterwegen, à Dachau
et à Lichtenburg.
2°) Les camps de concentration
après 1935
C’est au fur et à mesure que les
Nazis ont abandonné les premiers camps pour les remplacer par des camps de
concentration organisés centralement sous la juridiction unique de la SS
(Schutzstaffel ; la garde d'élite de l'Etat nazi).
Seul celui de Dachau est resté
en activité de 1933 à 1945. Il servit de modèles pour les nouveaux camps de
concentration. C’est à partir de 1936, que les camps les plus tristement connus
furent crées comme celui de Sachsenhausen,
Buchenwald, Flossenbürg,
Mauthausen,
Ravensbrück
que pour femmes, Gross-Rosen, Stutthof,
Neuengamme, Bergen-Belsen, Maïdanek,
Dora, Natzwiller-Struthof.
En
1939, ces camps de concentration comptent environ vingt-cinq mille détenus. Les
camps de concentration se sont ensuite étendus vers l’Est à cause des conquêtes
territoriales et de l’augmentation du nombre des prisonniers. Avec l’avancée de
la guerre, les camps devinrent des lieux où les ennemis étaient directement
exterminés ou contraints aux travaux forcés, dont le but était de les
« annihiler par le travail ». Ce procédé a pour visée de les déshumaniser afin de les
mener à une mort plus rapide.
Noms des
principaux camps de concentration avec leur localisation.
Arbeitsdorf, Allemagne |
Mauthausen, Autriche |
Carte des camps allemands, date pas précisée.
3°) Exploitation de la main d’œuvre dans les camps
Suite au déclenchement de la
Seconde Guerre mondiale, il y eut une augmentation des camps. Suite à
l'invasion de la Pologne par l'Allemagne en septembre 1939, les camps deviennent
des camps de travaux forcés. L’Allemagne a utilisé les prisonniers pour main
d’œuvre pour ses industries comme dans les usines Junkers (usines d’aviation et
de moteurs) ou comme BMW. C'est le
bureau central de l'économie et de l'administration SS, la WVHA qui administre
les camps.
C’est environ deux millions de
détenus des camps qui sont employés dans les Industries du Reich à partir de
1941 jusqu’à la fin de la guerre. Avant le 30 avril 1942, ce procédé
d’exploitation n’avait que pour but une visée politique mais à compter de cette
date, il devint purement économique suite à la proposition d’Oswald Pohl,
officier nazi et directeur de la WVHA (Services d'administration et d'économie
de la SS)
ayant pour mission d’organiser l’exploitation du travail des Juifs dans les
camps de concentration. L’exploitation doit « être totale » pour ce
faire les détenus n’avaient pas de limite de durée de travail. Donc Les autorités SS établirent de nouveaux camps
à proximité d'usines.
4°) La hiérarchie dans les camps de concentration
En 1939, nous voyons
l’apparition de camps mixtes, c'est-à-dire à la fois camp de concentration et
camp d’extermination comme celui d’Auschwitz-Birkenau et de Majdanek.
Les camps sont dirigés par les
SS et par leur chef Heinrich Himmler où ils y font régnés la terreur. Homme politique allemand qui fut le chef de
la Gestapo dans les années
1930 et de la police du Reich. La gestapo est une police politique nazie crée
dans les années 1930 sous l’autorité de Himmler et de Heydrich. Elle traquait
les Juifs et les résistants. Ensuite les SS choisissent des kapos (détenu, en général prisonnier de droit commun ou détenu d'origine
Allemande, chargé de commander les autres déportés travaillant à l'extérieur ou
dans les services du camp), qui infligeaient des sanctions très sévères.
Himmler
à Dachau, le 8 mai 1936
5°) Conditions de vie dans les camps
a) La séparation des familles
Dès l’arrivée au camp, les
familles sont directement séparées, les hommes d’un côté parfois avec le fils
et les femmes de l’autre avec leur fille. Et si les enfants restaient avec l’un
de leurs parents, cela se terminait souvent par la mort de ces derniers à cause
de leur âge. Ils pouvaient être directement tués à la descente des trains.
b) La perte
de tous les objets personnels
Après l’entrée dans le camp, on
rangeait les détenus dans plusieurs files qui faisaient plusieurs mètres. Au
début de la file se trouvait des SS recueillant tous les objets personnels
(bijoux, dents en or) et tout ce qui pouvait les rattacher à la vie extérieure. Tous les biens étaient renvoyés en Allemagne.
Par exemple, tout l’or recueillit par les nazis était fondu puis transformé en
lingot d’or, enrichissant l’Allemagne.
c) Les vêtements et les accessoires
sommaires
Détenus à Sachsenhausen, Allemagne, 1938.
Les
vêtements ne protégeaient pas du tout du froid qu’il faisait en Allemagne ou
autre pays de l’est de l’Europe. Il y avait seulement une très mince veste
rayée de tissu grossier, un pantalon rayé, un calot (bonnet) avec les mêmes
rayures que le reste de la tenue. Sur la veste, étaient cousus une bande
blanche où était inscrit le matricule du prisonnier et un triangle servant à
différencier les différentes catégories sociales dans le camp. Des badges de différentes
couleurs représentaient différents groupes. Les couleurs et leurs
significations étaient les suivantes:
Jaune |
Juif |
Marron |
Tsigane |
Violet |
Témoin de Jehovah |
Rose |
Homosexuel |
Vert |
Récidiviste |
Rouge |
Prisonnier politique |
Noir |
Asocial |
Tableau des marques des prisonniers.
— KZ
Gedenkstaette Dachau
D’autres distinctions
étaient rendus possibles grâce à des lettres qui indiquaient le plus
souvent les nationalités des prisonniers : par exemple "F" pour franzosisch
(Français), "P" pour polnisch (Polonais), "T" pour tschechisch
(Tchèque). En outre, le mot Blod sur un triangle noir indiquait les
prisonniers souffrant d'un handicap mental, alors qu'un symbole d’une cible
indiquait que le prisonnier avait tenté de s’échapper.
Enfin, le prisonnier possédait
soit des sabots en bois ou des Souliers.
Selon plusieurs témoignages, les chaussures sont la deuxième condition de
survie dans les camps. Elle suit celle de la compréhension de la langue
allemande.
Diverses
chaussures à semelle de bois, portées dans les camps, Musée du Struthof
(Photo : David Servenay/RFI)
d) Un manque
de tout
Le
prisonnier subissait à longueur de journée des mauvais traitements aussi bien
moraux que physiques.
Ils étaient à peine nourris,
leur seule alimentation était une soupe fade, qui souvent était un bouillon
d’eau chaude avec des bouts de légumes, ou un morceau de pain. Parfois, ils ne
mangeaient pas suite aux ordres des SS, malgré la longue et difficile journée
qu’ils venaient de passer. Les quantités étaient largement inférieures aux
besoins énergétiques d’un homme effectuant un travail physique.
Ils vivaient continuellement
sous la crainte d’être battu par un garde. En effet, les punitions étaient
fréquentes chez les nazis. Un rien pouvait les pousser à punir en fouettant ou
en tuant les prisonniers. Par exemple, un détenu trop faible pouvait se faire
exécuter.
Mais le principal problème et le plus grave
dans les camps étaient les maladies. En effet, compte tenu des conditions de
vie et de travail, les maladies se propageaient très rapidement. Les
prisonniers étaient en proie à toutes sortes de maladies comme le typhus, la
tuberculose, le scorbut ou encore à des troubles gastriques. De plus, il faut
rajouter toutes les blessures que se faisaient les détenus au travail qui par
une mauvaise guérison voire une guérison inexistante, s’infectaient entraînant
parfois la mort. Mais aussi il ne faut pas oublier tous les mauvais traitements
des SS. Les infirmeries manquaient à la fois de médicaments et de personnels
qualifiés. En 1942 et 1943, les médecins et
infirmiers SS tuèrent à l’aide d’injections un grand nombre de tuberculeux et
de détenus épuisés, classés “bouches inutiles”.
Pourtant, à partir de 1942, les détenus possédant une formation médicale ou
étant médecin pouvaient pratiquer dans les baraques de l’infirmerie, mais le
nombre de détenus pris par les nazis était trop insuffisant pour soigner tout
le camp. Plus tard, les SS ont évacué des malades vers les camps d’extermination
d’Auschwitz et de Maidanek.
6°)
Les marches de la mort. La fin des camps.
a) Les marches de la
mort
Vers la fin du conflit, pendant la dernière année de la guerre, l’armée allemande a été repoussée à l’intérieur des frontières du Reich. Au fur et à mesure de l’avancée du front soviétique, les SS ont évacué les détenus des camps pour éviter leur libération sous l’ordre de Himmler mais aussi pour qu’ils ne fournissent pas en plus des preuves des exterminations de masse et des conditions de vie dans lesquelles ils se trouvaient. Car en juillet 1944, était rendues publiques toutes les atrocités commises par les nazis à l’égard des prisonniers, par l’armée soviétique. Les évacuations des camps de concentration donnaient à des marches forcés qui prirent le nom de « marche de la mort », probablement inventé par les détenus eux-mêmes. En effet, ces marches étaient très pénibles. Les prisonniers devaient sur de longues distances dans des conditions hivernales extrêmement dures. De plus, les détenus subissaient encore de mauvais traitement physique, ils subissaient les coups des gardes SS, qui avaient ordre d’abattre toutes les personnes qui s’évanouissaient sur le chemin ou qui ne pouvaient plus marcher. C’est ainsi qu’ils abattirent des centaines de personnes pour chaque marche. Mais également des milliers de prisonniers moururent de faim, de froid et d’épuisement. D'autres prisonniers furent évacués par camions ouverts, livrés au froid mortel de l'hiver. Les marches furent très nombreuses fin 1944 et 1945, alors que les nazis essayaient de rapatrier les détenus en Allemagne. Les plus importantes sont parties d’Auschwitz et de Stutthof, peu avant qu’on libère ces camps.
Détenu
sur une marche de la mort, date inconnue
b) Libération des camps
Cependant,
les forces alliées qui avançaient au cœur de l’Allemagne, libèrent sur leur
passage des centaines de milliers de prisonniers des camps de concentration entre
1944 et 1945. Le 25 avril 1945, l'armée soviétique fit sa liaison avec l'armée
américaine à Torgau, sur l'Elbe, en Allemagne centrale. Suite à cela, les
forces allemandes se rendirent sans condition sur le front de l’ouest le 7 mai
et sur celui de l’est le 9 mai 1945. Le 8 mai 1945 fut enfin proclamé le jour
de la Victoire en Europe. Mais jusqu’au dernier jour, les nazis firent marcher
les prisonniers dans différents lieux du Reich.
c) Le nombre de
victimes
Le
nombre de morts ne sera jamais précis à cause de la destruction des corps dans
les fours crématoires Mais cependant, les historiens ont retrouvé les listes
des déportés juifs de France qui furent soixante quinze mille à mourir dans les
camps.
De plus il a été estimé qu’entre
1933 et 1945, presque la moitié du total des décès survinrent durant la
dernière année de la guerre.
Pour nous faire une idée du
nombre de morts, voici des exemples de camps ayant recensé le nombre de
décès :
Camps de concentration |
Nombre de morts |
Bergen-Belsen |
170.000 |
Buchenwald |
56.550 |
Dachau |
70.000 |
Dora |
20.000 |
Flossenbürg |
73.300 |
Gross-Rosen |
40.000 |
Mauthausen |
195.000 |
Natzwiller |
11.000 |
Neuengamme |
55.000 |
Ravensbrück |
65.000 |
Sachsenhausen |
100.170 |
Stutthof |
85.000 |
TOTAL |
4.341.008 |
Ces
chiffres prennent en compte toutes les catégories sociales rassemblées dans les
camps de concentration à savoir les Juifs exécutés ou morts pas le
travail, les résistants et déportés politiques, les républicains espagnols;
les homosexuels et témoins de Jéhovah, les prisonniers de guerre soviétiques
enfermés dans les camps.
Un soldat américain devant les détenus morts
(Libération du camp de Dachau le 29 avril 1945)